Morceaux de mémoire : les quatre vies d'Edelrim

"...Nous étions désormais de célèbres brigands dans le coin à la fois poursuivis par les corbeaux de Sembie et la milice des Vaux... Ce fut Nessar qui proposa qu'on nous appelle "La Compagnie de l'Ogre Fendu" en référence à nos soirées d'histoires partagées à Château-Zhentil, comme si nous étions toujours dans la taverne éponyme..."




"...Ce devait être notre six cent trentième jour dans cette forêt. Nous attendions une caravane bien gardée qui était en chemin mais notre attention fut détournée par une aura lumineuse qui apparue au milieu de la forêt. Je crus sur le moment au retour de ce Fenmarel Mestarine... J’espérais vainement avoir une explication sur cette rencontre marquante vécue deux ans auparavant mais ce n'était pas lui. C'était cet elfe noir détestable et sanguinaire. Je finis alors dans l'état ou Rupert me trouva, c'est-à-dire à demi-mort..."

"...'La compagnie de l'Ogre Fendu' n'avait qu'un credo : prendre aux riches pour donner aux pauvres. Et comme nous étions des brigands miséreux et que charité bien ordonnée commence par soi-même nous cherchions en priorité à nous enrichir..."


"Quelquefois fois nous quittions la forêt pour nous retrouver dans la taverne d'un petit village situé à l'orée de la forêt. Nous prenions un verre et discutions comme si nous étions toujours à Château-Zhentil. Une manière de garder une vie civilisée et de combler la solitude dans la forêt elfique."

Le temps des changements (1/3)

"...Ce devait être notre soixantième jour en forêt, cela faisait plus d'une une dizaine de jours sans caravane. Nous nous ennuyions et je pensais de plus en plus à cette elfe Cassandra Elenwë.
Alors que je tournais en rond dans le camp, je me suis dit que le prénom Cassandra ne faisait pas très elfique. Il me fallait enquêter la dessus. C'était un bon prétexte pour la revoir. Et puis je me suis rappelé que je ne lui avait rien offert depuis mon arrivé dans cette forêt. Mes compagnons me questionnèrent, je leur précisais alors que je partais améliorer nos relations avec les elfes. Je pris donc une partie du magot qui m'appartenait et je décidais de partir à sa recherche dans le bois.

Je retournais ainsi là où je l'avais vu pour la première fois mais l'endroit était désert. Je m’enfonçais donc plus avant dans la forêt. J'arrivai dans une clairière, en sont centre jaillissait une source qui sortait d'un rocher et qui formait un petit lac. La nuit venait de tomber, je décidais de camper ici en espérant qu'elle me remarquerait. Alors que le feu venait de prendre et que je sortais une paire de dé pour patienter, j'entendis sa voix :
-Tu retentes ta chance ? La dernière fois ne t'a pas suffit. Cette fois-ci tu n'aura pas d'aide divine tu sais.
-Je suis assez joueur et puis j'ai déjà une vision divine devant moi, pas la peine d'en avoir une seconde.
Elle sourit délicatement en rétorquant :
-Ton baratin marche dans vos villes ?

Elle était encore plus belle la nuit. Une sorte d'aura merveilleuse l'entourait.
-Je suis venu pour te rencontrer...et me présenter, je n'en ai pas eu le temps l'autre jour.
D'un coup son visage se tendit. Elle semblait alors encore plus sérieuse que la dernière fois. Son regard semblait soucieux. Elle répondit de manière sèche :
-Tu t'appelles Edelrim et tu commande une compagnie d’ignares profonds que tout le monde appelle "la compagnie de l'Ogre Fendu". Voilà, c'est fait, tu peux y aller.
Je sentais une pointe d'anxiété dans sa voix. Je tentais d’apaiser son angoisse.
-Je voulais aussi te donner ce maigre butin en remerciement de ta gentillesse et de votre hospitalité.
Elle me regarda d'un air circonspect. Je sentais que cela ne lui plaisait pas autant que prévu.
-Je connais les hommes. Vous avez toujours une pensée derrière la tête. Sache que je ne fais commerce ni de mon corps, et j'espère que tu n'es pas assez fou pour croire cela, ni de mon coeur.
-Tu es bien agressive... J'ai prévenu mes compagnons de vos attentes. Ils ne gâchent plus le bois et respectent la forêt...
Elle me coupa sèchement.
-...Mais vos actions sèment le trouble dans la région. Nous avons toujours laissé passer les caravanes de Sembie. Jusque là nous étions tolérant mais les Sembiens deviennent agressifs. Ils savent que nous vous laissons vivre à nos côtés. Vous nous mettez en danger.
-Alors nous ferons attention à ne pas trop en attaquer.
Je cherchais alors à détourner une conversation qui n'étais clairement pas à mon avantage en ajoutant :
-Nous ne voulons pas vous offenser ou vous mettre en danger, seulement coexister paisiblement...Je suis venu pour mieux te connaitre, mieux vous comprendre et ainsi mieux réagir. D'ailleurs, quelque chose m'a troublé lors de notre dernière rencontre. Tu m'as dit t'appeler Cassandra Elenwë or Cassandra ne sonne pas très elfique...
Son visage se détendit quelque peu. Je pense qu'elle voulu croire à mes efforts. Elle répondit d'un ton légèrement plus apaisé :
-En effet, mon père était en effet un être humain. C'est lui qui a choisi ce prénom. Ma mère, une elfe venant d'ici m'appela comme mon aïeule Elenwë..."
Dès ce moment, nos relations allaient devenir plus apaisées et quelque part j'espérais que peu à peu que Cassandra se dévoile un peu plus pour me révéler ce qu'elle cachait, à savoir son âme et peut être un jour, son coeur..."

Le temps des changements (2/3)

"..Nous fêtions notre centième jour en forêt, nous vivions bien désormais mais les caravanes se faisaient plus rares. Alors que nous allions passer à table, Cassandra, "Cassy" arriva en courant avec trois elfes mâles de grandes statures. Tous paraissaient terrorisés. Mes compagnons se levèrent d'un bon.
Elle ne leur accorda aucun intérêt, elle se dirigea vers moi et m'attrapa les mains :
-Ils sont chez nous...Les Sembiens....Ils sont là à cause de vous...Vous devez nous aider.
L'un de ses compagnons, un grand elfe blond nous délia les main et me projeta en arrière.
-Tout ça c'est à cause de toi. Tu va réparer ce que tu as engendré...
Alors que mes compères tendirent leurs épées en sa direction, je leva la main pour les tempérer.
-Faisons vite.

Nous étions partis en trombe, emportant avec nous nos armes et quelques vivres. Alors que nous approchions d'une sorte de camps elfique avancé posé au centre d'une grande clairière et composé de tentes spacieuses nous voyions une fumée s'échappée de l'ensemble. Des cavaliers chevauchaient leurs montures qui entouraient le camps. Des cris de déchirement se faisaient entendre de toute part.

Lorsque nous arrivions à l'orée du camps, les corbeaux de Sembie avaient déjà massacré une partie du campement, les corps des femmes et d'enfants elfes étaient étendus les uns à côtés des autres devant les soldats qui avaient été ligotés et mis à genoux. Cassandra était effondrée de voir le sort de ses amis. Même mes compagnons semblaient touchés devant un tel massacre. Cassandra regarda l'efle blond et sembla communiquer avec lui simplement par le regard. Elle se leva calmement et traversa les buissons qui nous séparaient de la clairière. Je voulus la suivre mais il m'attrapa violemment l'épaule en faisant un "non" de la tête.

Cassandra avança tout droit en direction des corps le pas calme et assuré, le visage digne mais recouvert de larme. Les "corbeaux", ces cavaliers noirs, la frôlèrent sans la toucher. Elle s'agenouilla devant le corps d'un enfant et le pris dans ses bras en murmurant en elfique.
Un grand cavalier chevauchant un cheval blanc et recouvert d'une toge noir s'approcha d'elle.
-Princesse, vous voilà, nous vous cherchions.
Elle ne lui accorda aucune attention mais s'écria :
-Vous êtes un monstre Kendrick, vous ne méritez pas votre surnom, il n'y à rien de "Grand" chez vous.
-Il va falloir composer avec moi princesse, notre maître, Elduth Maitreyarm est sur le point de mourir et je vous l'assure quoi qu'il m'en coûte je vais lui succéder. Vous écraser ici est une belle preuve que cette alliance de fortune avec des elfes ne nous sert à rien.
Elle serra le corps du jeune elfe avec intensité. Il ajouta :
-Vous leur permettez de nous attaquer et vous les protégez, regardez la folie de vos actes. Ils ont attaqué quinze caravanes, nous ont fait perdre des centaines de pièces d'or et mis à mal notre commerce avec la mer de lune qui n'était plus ravitaillée. Nous avons décomptés vingt-deux morts, il y a ici vingt-deux cadavres, pas un de moins, pas un de plus. Toucher à notre or, c'est comme toucher à nos enfants, désormais vous savez ce que nous ressentons.
-Vous êtes un monstre.
-Et vous, vous êtes stupide. On dit de nous que lorsque l'on regarde un Sembien dans les yeux, on peut y voir les pièces qu'il compte dans sa tête. Et vous que voyez vous dans les yeux de cet Edelrim ? Qu'a-t-il fait pour valoir la vie de vingt-deux elfes ? Vous croyez qu'il est bon ? gentil ? Il attaque des caravanes, vol et tue. C'est un brigand, rien de plus. Vous le trouvez intelligent, n'est-ce pas. C'est qu'il est encore plus malicieux que ceux qui l'accompagnent. Il vous ment et ce depuis le début. Je sais d'où il vient. Sa tête est mise à pris. Ils le recherchent activement. Si vous saviez qui il est. Derrière chaque lumière qu'il vous a montré se cache l'ombre de ce qu'il est. C'est un lâche et par tous les dieux de Féérune, je vous assure qu'il ne s'appelle pas Edelrim..."

Le temps des changements (3/3)

Kendrick ajouta :
-Bien sûr, il est talentueux, il ne se fait jamais prendre...il me fait penser aux corbeaux argentés, des soldats sembiens qui errent loin de leur patrie. C'est une vermine argentée en quelque sorte; argentée certe, mais une vermine quand même.

Et moi je restais là. A l'écouter m'humillier et me déshonorer en silence. J'avais été appelé par Sandra pour intervenir, j'allais jouer mon rôle.

Quelques jour auparavants, lors d'une douce après-midi ou nous nous promenions ensemble et main dans la main dans "notre clairière", je me risquais à l'embrasser. Juste avant de me laisser conquérir ses lèvres, elle enserra mes mains entre les siennes en murmurant :
-Pour toi, tout ce que tu fais n'est qu'un jeu...Si la situation t'échappe, promets-moi d'assumer les conséquences de tes actes..
Je répondis simplement :
-Lorsque ce moment sera venu, réitère ce geste et je répondrais présent.

Elle refit ce geste quelques dizaines de minutes aupravant.
Le temps de l'insouciance, si court avait-il été était désormais terminé. Il faudra désormais assumer les conséquences de mes actes. J'étais là, derrière ce buisson, non pas pour me battre mais pour "rentrer mon poing dans la poche" et accepter que quelque fois, il faut savoir perdre et prendre ses repsonsabilités. Il y avait devant moi vingt-deux corps pour me rappeler à mes fautes. Je me tournais vers mes compagnons sans regarder les deux elfes :
-Je vais assumer nos actes. J'ai commendé cette compagnie, j'en assume le jugement. Dispersez-vous et rachetez vos fautes.

Je me levais et traversais les buissons. Sandra était en pleurs avec le corps de cet enfant qui jamais ne connaitrait l'avenir. Kendrick ne fut pas surpris de me voir arriver.
-Bien ! Edelrim ! Enfin je te rencontre. Enfin tu accepte d'affronter un adversaire en le regardant droit dans les yeux.
-J'accepte mon sort. A chaque action, sa réaction. Tu seras jugé, toi aussi pour tes actes...
-Quelle impertinence. Tu dois me vouvoyer. Cette toge vaut plus que ton éducation.
-La valeur matérielle n'est rien par rapport à l'estime de nos proches.
-Belle déclaration de la part d'un voleur. J'ai une question à te poser justement : n'as-tu jamais chercher autre chose que l'enrichissement personnel dans tes attaques ?
-Pas plus que toi en envoyant tes caravanes par delà le monde. Finalement nous ne sommes pas si différents.
-Oh si, nous le sommes ! Moi je suis libre ! Et toi...tu es désormais un prisonnier de l'armée de Sembie.

-Nous aussi, nous nous constituons prisonniers ! Nous assumons nos actes...avec notre chef.

A ce moment, mes compagnons sortirent à leur tour du bois et à mon grand étonnement se rendirent eux aussi. Les corbeaux nous lièrent les mains avec de menottes reliées par de grosses chaines noires. Sandra se leva et s'approcha de moi. Elle plaça sa main délicate autour de ma joue.
-Tu ne t'appelle pas Edelrim n'est-ce pas...
-Oui mais chaque moment vécu était réel. Je n'ai pas joué mes émotions, chaque instant était vrai, seul le passé était revu et corrigé...tel que je l'aurais voulu et non tel que je l'ai vécu.

Elle m'embrassa une dernière fois puis se retourna vers ses soldats encore en vie qui venaient d'être libérés. Nous étions désormais prisonniers et mon avenir ne m'appartenait plus. Kendrick m'attacha à son cheval. Je lui demanda :
-Nous partons pour la Sembie ?
Il se mis à rire en tirant sur son harnais pour mettre son cheval en marche.
-Absolument pas. Nous allons retrouver ceux que tu as fuit. Il ont hâte de te récupérer.

"...Troisième jour avec Isaak dans le temple à attendre. Aujourd'hui je me suis rappelé une discussion avec Cassandra deux ans auparavant :


Alors que nous passions une après-midi ensemble dans le chatoiement automnale de la forêt, la jolie elfe me proposa de la suivre dans les bois puis sur un chemin par-delà les collines. Nous marchâmes plusieurs heures puis nous arrivâmes face à une cité majestueuse mais qui semblait vide.
Elle me précisa :
-Voici l'un de nos repaires : Fairyvèr. C'est un lieu de villégiature durant les mois les plus froids de l'année, l'automne touche à sa fin, bientôt ma famille s'y établira...Mais moi je n'y ai plus ma place.


Elle semblait touchée par cette vision et prête à se livrer un peu plus à moi. J'essayais alors d'en savoir un peu plus.
-'Cassandra Elenwë', ce sont tes prénoms mais quel est ton nom de famille ?
-Starym comme ma mère, elle m'a transmis son nom. C'est une famille de nobles ultra-conservateurs...
-Où sont-ils ? Pourquoi es-tu seule avec ces quelques familles elfiques ?
-Ma mère devait maintenir son rang, elle s'est mariée avec l'un des héritiers d'une autre grande famille elfique, les 'Irithyl'. Elle a eu deux enfants, mes deux grands frères de ce mariage de convenance. Puis mon père, un simple marchand sembien est venu pour commercer et lui a offert une nouvelle vie...
Ils se sont enfuis avec la garde personnelle de ma mère et l'un de mes frères. Ils m'ont ensuite eu ici, moi qui ne suis qu'une demie-elfe... Mon frère qui a soutenu ma mère nous a quitté pour retrouver une 'épée de lune' et restaurer l'image de notre clan.

Dès que Rupert s'est présenté j'ai cru qu'il était son frère puis j'ai compris qu'il devait être un parent lointain...C'est pour cela que j'ai accepté de l'aider après qu'il m'ait soigné. En y repensant je me suis dit qu'il a peut être trouvé cette fameuse épée..."

"...Deuxième nuitée après une longue journée de marche forcée avec la troupe de Kendrick. Alors que la lune était haute, des hommes masqués s'approchèrent de nous, neutralisèrent nos gardent et nous intimèrent l'ordre de nous taire. Ils coupèrent nos liens avec des couteaux et nous obligèrent à les suivre, nous offrant ainsi un échappatoire.
Ils nous amenèrent en pleine nuit dans une petite ville forestière nommée Dhedluk. Je me rappelle être entré dans une taverne simplement éclairée par un grand feu de cheminée.
A par le tavernier, un seul homme était présent, un vieux barbu précieux richement habillé. Il était assis au fonds de la pièce, près du foyer. Le crépitement du feu se reflétait sur sa grande toge recouverte de soie et d'or.
Sa voix forte et rauque nous acceuilla, remplissant ainsi l'effet de vide donné par sa seule présence :
-Edelrim et sa compagnie de l'Ogre Fendu ! Enfin ! Depuis le temps que je voulais vous rencontrer...!

Je regardais mes compagnons d'un air interrogateur perçant leur étonnement et leur visages tout aussi circonspects.
Il ajouta : Vous avez fait ma fortune mes petits. Vos attaques de caravanes sembiennes ont obligé Kendrick à détourner son commerce par cette route et comme je possède toutes les tavernes du coin...!
Je décidais de prendre les choses en main pour comprendre ce qui se passait :
-Qui êtes-vous ? Pourquoi nous avoir fait libérer ? Nous avions choisi notre sort...
Il se leva d'un bon.
-Oh oui, j'en ai entendu parlé...! Des voleurs pénitents...j'adore ça ! Il s'arreta un instant puis repris : Mais c'est vrai que je manque à tous mes devoirs ! Je me présente : Lestat Sangüé. membre éminent de la ligue des marchands melvontoits. Vous connaissez Melvonte ? Non ? Vous devriez venir voir nos étoffes...!

Je stoppais immédiatement cette envolée lyrique d'un air agressif.
-Que voulez-vous de nous ?
Il se calma net, son visage se raidit comme s'il se tempérait mais ses yeux, eux, s'embrasèrent.
-Je veux que vous fassiez ce que vous faites de mieux : éviter que les caravanes ne repassent par l'autre chemin...!
-Impossible... Kendrick a massacré vingt-deux elfes à cause de cela, il serait capable de tuer leur princesse et le reste du groupe...


-Tu l'a rencontré ? Elle est aussi belle qu'on le dit ? Attaquer ce groupe sans défense...il a dépassé toutes les limites. Kendrick...Tu le déteste, n'est-ce pas...je le ressens dans ta voix. Cela nous fait un point commun. Il a fait tuer mon fils...il n'était que marchant mais il a fait le choix de prendre une elfe pour femme...
(je compris qu'il était le grand père de Cassandra mais s'il le savait, il ne l'avait sûrement jamais rencontré).
Il ajouta : Kendrick s'est affilié avec une famille elfique concurrente qui cherchait là le moyen de se venger. Ils l'ont capturé lui et sa femme et les ont exécutés. C'est un personnage important pour la stabilité du commerce, il ne doit pas mourir. Mais je veux que tu fasses tout ton possible pour détruire cette vermine en attaquant toutes ses caravanes, en pourchassant ses amis, les amis de ses amis et ceux qu'il aime avec ce qui lui reste de cœur. Je veux qu'il souffre comme j'ai soufferts. Mes hommes ne sont pas assez habiles pour ça.
Je regardais mes hommes qui acquiesçaient avec un plaisir malsain. Il ajouta :
-Je vous paierais pour ça. Vous n'avez jamais pensé à vous reconvertir en mercenaires ?

[Partie jouée : Edelrim encore envoûté rencontre une prêtresse nommée Lady Arthas, elle le fait traverser un portail magique qui lui donne une vision (un monde froid, sombre avec trois têtes plantées sur des piques). Il revient mais en sort changé puisqu'une part d'ombre grandit en lui. Au retour, il retrouve ses compagnons qui ont affronté de nombreux ennemis pour le libérer. Mais Edelrim est sous emprise et Lady Arthas le lance contre le groupe. Rupert le bloque en lui lançant un sort puissant. Une fois désenvoûté, Edelrim sent la puissance qui grandit en lui et tente un bluff sur la prêtresse. Si elle ne tombe pas dans le piège, le groupe lui ne sait plus que croire et seule leur bonté permet à Edelrim d'en réchapper. Lady Arthas s'échappe tandis que le groupe se retrouve face à un Edelrim encore plus sombre qu'à l'accoutumée. Alerté par sa dangerosité et son égoïsme durant le combat avec Lady Arthas, convaincu par son manque de respect auprès de Rupert, Isaak ne cache plus son inquiétude vis-à-vis du guerrier auprès du groupe. Les tensions montant peu à peu vont être exacerbées par un huis-clos virulent car les héros se retrouvent piégés au coeur du temple.]

"...Et maintenant, quelle voie fait-il suivre ? Se battre jusqu'au dernier souffle comme un guerrier ou s'installer dans une petite ville...Vaincre pour la gloire et mourir dans l'immortalité ou vivre paisiblement et partir ignoré de tous ?
Je pense qu'il faut ajouter de la vie aux années et non des années à la vie..."

[Partie jouée : Edelrim et ses compagnons sont pris au piège dans le temple, ils trouvent un passage secret qui plonge dans les entrailles de Féérune. Il débouche sur une grande cavité parcourue par une rivière souterraine. Après avoir affronter un garde immense, ils se retrouvent face à un monstre aquatique venu des tréfonds. Le combat est à l'image du groupe, désordonné et chaotique. L’égoïsme d'Edelrim n'arrange en rien la situation et Rupert manque de se noyer. Le groupe s'en sort miraculeusement puis ressort en suivant la rivière. De retour à Hautelune, les compagnons se séparent. Edelrim accompagne Isaak qui veut rapporter la situation au seigneur local. Celui-ci pense que sa fille a été enlevée et que la présence de disciples de Shar dans le temple est liée à cette disparition. Il demande l'aide du groupe. Alors qu'Edelrim négocie une fois de plus sa participation contre de l'argent, Isaak s'emporte et clame sa colère face à ce manque de sagesse et d'altruisme de la part du guerrier.]

Quelques heures avant l'entrée dans le temple, Edelrim écrit pour s'occuper.

"...On y est, c'est le grand soir. Dans quelques heures nous entrerons dans ce temple pour recevoir ce rite tant attendu. Au vu des appréhensions d'Isaak, j'espère que tout se passera bien. Vingt pièces d'or valent largement une vision du futur. Désormais nous entrons dans la 'fosse aux lions'..."

[Partie jouée : Les compagnons se retrouvent, la tension entre Edelrim et son pendant lumineux, Isaak est palpable même si les deux combattants partagent les mêmes objectifs. Edelrim comprend qu'il est temps de s'intégrer dans ce groupe et non plus d'y défendre des intérêts personnels. Il avoue alors que l'argent qu'il récupère sert à libérer des courtisanes ou filles de joies emprisonnées dans leur statut. Il explique que cette histoire de religion l'a fait réfléchir et que désormais, il pense à prier pour un dieu qui pourrait en retour le soutenir dans sa quête. Le groupe comprenant ses motivations accepte sa présence. Juste après ce moment de repentance, Edelrim et Isaak font un rêve dans lequel ils s'affrontent. Leur puissance respective est révélée mais la paix faite quelques heures auparavant joue sur leur état d'esprit et ni l'un ni l'autre ne souhaite véritablement gagner. Les héros possèdent une carte qui doit les mener à la fille du seigneur. Ils doivent passer par un endroit gardé par des gobelins puis marcher en direction de marais. Une fois arrivés, ils sont capturés par des hommes lézards.]


"...Sélèna...Cette charmante prostituée était aussi dotée d'une grande culture religieuse. Elle m'avoua avoir été prêtresse pour Tyr jusqu'à ses douze ans, avant d'être capturée par des orques puis d'être vendue comme esclave au tavernier de l'Ogre fendu. Après avoir écouté mon histoire et juste avant que je ne parte, elle me compta ses vers qui me sont tout juste revenus en mémoire :

Extraits du Carnet de voyage, écrit à Hautelune en 1370 CV.

" -Savoir lire, écrire, compter, c'est nécessaire pour nous autres marchands. Je sais que tu ne te destine pas à ce genre de futilités mais çà te seras très utile, surtout si tu suis la voie de ton père..."

"-A la différence des croyances populaires, les moustiques n'attaquent pas les sangs 'plus sucrés' mais les corps dénudés. Plus il y a de surface de peau, plus ils te piquent, et en nombre. Dans la vie, si tu ne veux pas trop souffrir il te faudra recouvrir tes fragilités avec une armure couvrante..."

"-Je m'appelle Melchior Sangüé, je suis un riche marchand en mal d'enfant, je te prépare pour une vengeance personnelle. Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est faux ? Un mensonge passe toujours mieux lorsqu'il est entouré de deux vérités..."

Extraits du Carnet de voyage, écrit dans la forêt de Cormanthor en 1369 CV.

"Nous avons vaincu un Troll grâce à la force du groupe. Si nous survivons assez longtemps alors, peut être, quelqu'un racontera cette histoire et nous seront honorés à l'aune de nos actes..."

"...Pourquoi tout cela : se battre, affronter l'adversité, avancer coûte que coûte...simplement pour n'être qu'une histoire de taverne parmi d'autres ? Tantôt glorifiés, tantôt traités de menteurs et dénigrés par des "juges" avinés ? Ces "juges", eux, ne voyagent jamais, parce qu'on ne peut être à la fois juge et parti..."


"...Les cris de mouettes qui voletaient; les bruit des vagues qui s'échouaient sur le port; mon père sur la jetée qui tenait la main de ma mère; je me souviens peu à peu du temps de paix, celui des habits de soie. Mais c'était avant. Nul n'est assez riche pour racheter son passé..."

Extraits du Carnet de voyage, écrit à Hautelune en 1370 CV.

[Partie jouée : le groupe arrive enfin devant Fort chevelu. Les compagnons se divisent. La rôdeuse et la voleuse partent pour repérer le terrain tandis que Dardragon part en reconnaissance aérienne. Isaak propose de se faire passer pour des envoyés du temple. Rupert, de part son épée trouvée dans le tombeau peut prendre différentes formes, il se fait passer pour un ombre'écaille tandis qu'Isaak masque son alignement et qu'Edelrim s'enveloppe de l'ombre qui grandit en lui depuis la traversée du portail dans le temple. Les deux éclaireuses reviennent et le groupe entre en scène. Mais la supercherie est vite démasquée et le groupe doit affronter une horde d'ennemis. Tandis qu'Isaak déchaîne sa puissance sur les ombre'écailles et que les autres affrontent des gardes noires, Edelrim se rue sur le mage qui les commande et l'achève avec force. Une fois vaincus, de jeunes magiciens envoûtés se présentent et le groupe les met rapidement KO. Les compagnons entrent dans Fort chevelu et se retrouvent de nouveau face à de nombreux adversaires. Rupert retrouve son cousin que le groupe avait affronté au sortir du tombeau à valombre. Les autres affrontent les sbires d'un être puissant : un demi-dragon. N'écoutant que son inconsciente bravoure, Edelrim se rue sur lui mais l'ennemi est très fort et le combat tourne en sa défaveur. Pensant pouvoir sauver sa vie, Edelrim franchit le portail d'où apparaissent de nouveaux ennemis. Il se retrouve bloqué de l'autre côté. Le groupe est aidé par les hommes lézard et le demi-dragon est terrassé par Isaak. Nerdanelle meurt dans le combat et Agathe évite ce sort de justesse. Les ennemis vaincus, le shaman Kesesek ranime Nerdanelle qui s'en trouve transformée. Le groupe traverse le portail pour venir en aide à Edelrim mais le trouve assis, sombre et déprimé. Il glisse le collier de chance autour du coup d'Isaak et révèle sa véritable histoire en tant que chef de patrouille pour Château-Zhentil.]

"Ce qui me surprend dans ce monde c'est l'éternel mystère qui entoure chaque aventure ; le sage ne dit pas ce qu'il sait et le sot ne sait pas ce qu'il dit. J'avoue être plus sot que sage mais la vie me mènera peut être sur la voie de la rédemption. Qui sait ?"

"...Je me souvient d'Elhysar, c'était une vermine très intelligente, il clamait à qui voulait l'entendre qu'il venait d'Eauprofonde et que sa famille, les "Gildeggh", faisait partie de la noblesse déchue de la ville. Il aimait se raconter les heures de gloires de ces ancêtres avant leur exil...Où qu'il soit, j'espère qu'il a retrouvé sa famille. Quoi qu'il en soit, je n'ai récupéré que son casque dans la forêt..."

"Elhysar...sa carapace était si profondément ancrée depuis l'enfance que personne ne l'avait jamais vraiment approché. Lorsque je l'ai choisi pour ma première mission comme chef de patrouille, Scyllua, ma supérieure m'a laissé involontairement entrevoir une part d'âme chez lui au travers de ces quelques mots :

'Il traîne toujours près du port. Il se dit descendant d'une grande lignée mais il n'est qu'un rat parmi tant d'autres. Il a été apporté par des pirates qui nous l'on vendu pour une poignée de pièces d'argent. Il y a quelques années, alors qu'il recherchait ses origines, ils lui ont raconté je ne sais quelle histoire qu'il a gobé sans réfléchir... Aucun noble n'aurait été acquis pour si peu. Je le vois souvent entre deux missions se poser vers la jetée et regarder l'horizon comme s'il espérait encore que quelqu'un ne vienne le chercher...Tu es sûr de vouloir d'un être aussi pathétique ?'

"Qui suis-je ? Je suis une vermine, une bête..., un être capable de tuer un petit garçon de dix ans. Capable de faire subir le même sort qu'il a reçu. Il est vrai qu'on ne me tua pas. Du moins pas physiquement..."

"...Je marchais sur les pas de mon père, mais seulement dans son ombre. Sa vie a été parsemée de gris, la mienne est noire. Il n'existe pas d'êtres tout blanc sur les rives de la mer de lune. Le blanc des innocents les rend trop visibles dans la nuit. Ils meurent comme les étoiles au petit matin, avant d'avoir pu briller au grand jour..."

"...Sur le trajet du retour, le succès de ma mission m'avait fait reconnaître comme chef de patrouille auprès de mes hommes...Vasary avait été un fer de lance, Roldùric et Shapour avaient été à la hauteur de leur réputation...Elhysar semblait aussi impénétrable que lorsque je l'avais recruté. Nessar, mon second était le seul a semblé éprouver des sentiments...à part moi. Sa mine était basse, son regard était perdu dans ses pensées. Pour moi, le test avait échoué, ces deux jours d'horreurs m'avaient réveillés, comme si la limite ultime avait été franchie. Un seuil d'intolérance qui venait de faire déborder une coupe déjà trop pleine...."